dimanche 6 avril 2025

DESIGN ET DEMOCRATIE

 

Si la technique a permis à l’humanité de se maintenir et de se développer jusqu’à aujourd’hui, son évolution a aussi produit un certain nombre d’effets pervers : pollution de l’environnement, diminution de la biodiversité, épuisement des ressources, réchauffement climatique, déshumanisation des conditions de travail, développement des technologies de propagande, de contrôle et de destruction, diminution des interactions sociales, etc. A moins d’imputer uniquement ces effets à une fatalité inhérente à l’essence de la technique, on peut espérer les corriger par de meilleures décisions politiques.

En réalité, il y a à la fois des environnements techniques plus ou moins vertueux et des décisions humaines plus ou moins sages. L’évolution des techniques, à la différence de l’évolution des espèces vivantes, est supposée rester soumise à la volonté humaine, laquelle soulève la question de la décision collective de l’humanité. Comme celle-ci est composée de groupes et d’individus en désaccords, cela ramène bien le problème du contrôle de la technique à un problème politique. Or nos modes de gouvernement et de décision actuels ne semblent pas permettre une telle maîtrise.

La thèse que nous souhaitons défendre ici est que le design peut apporter des réponses qui permettraient de réorganiser à cet effet nos systèmes techniques et sociaux. Plus précisément, c’est à un certain type de design, que nous qualifierons de « démocratique », qu’il faudra faire appel. Pour exposer cette thèse, nous rappellerons d’abord les liens existants entre le design et le progrès technique et social, en insistant sur les formes démocratiques de design. Puis nous montrerons en quoi la démocratie doit jouer un rôle central dans l’évolution à venir de l’organisation sociale.

 

 

I. Design et progrès

 

Pour souligner la relation qui existe entre le design et le progrès technique et social, nous allons parcourir quelques étapes de son développement à partir de la révolution industrielle jusqu’à aujourd’hui. Citons d’abord le mouvement Art and Craft et sa critique du modèle industriel naissant. D’un côté, il lui oppose le modèle corporatif de l’artisanat médiéval, comme symbole de l’autonomie ouvrière. D’un autre côté, il emprunte au mouvement ouvrier son idéal d’égalité, de progrès social et d’émancipation hérité des Lumières (William Morris). Cette tendance subsiste dans le design à travers son souci du progrès social et sa prudence vis-à-vis d’une société industrielle potentiellement déshumanisante.

Dans la première moitié du vingtième siècle, l’absorption de la forme par la fonction, et de l’esthétique et du style par l’efficacité, traduisit le règne de la raison instrumentale. La version du progrès qui fut alors proposée était marquée par une posture élitiste et paternaliste (Adolf Loos, Le Corbusier). Cette attitude technocratique s’accorde avec l’esprit de certaines philosophies positiviste (Auguste Comte) et utilitariste (Jeremy Bentham). Si le Bauhaus possédait également une dimension fonctionnaliste, sa conception du progrès comprenait en outre la volonté de lier l’art, l’artisanat et la vie, et de favoriser l’expérimentation et la collaboration entre étudiants et professeurs. Le philosophe pragmatiste Charles Morris y enseigna de 1937 à 1945.

Dans la deuxième moitié du vingtième siècle sont apparus le design radical (Superstudio, Archizoom) et l’anti-design (Ettore Sottsass, Archigram) qui héritèrent des tendances contestataires du surréalisme et inspirèrent le design critique (Fiona Raby, Anthony Dunne). Au sérieux fonctionnaliste, s’opposa le jeu des singularités, accompagné de la critique de la massification engendrée par la société de consommation. Ce type de design nous paraît favoriser une approche démocratique, à l’encontre d’une ingénierie sociale standardisée encourageant une forme passive d’hédonisme. La théorie critique en Allemagne et le post structuralisme en France défendirent des idées analogues.

Apparut également ce que nous appelons aujourd’hui le design durable, avec le diagnostic alarmant des menaces que la production industrielle fait peser sur les écosystèmes. Il s’agit d’inventer de nouvelles manières de produire et de consommer, et de sortir du modèle productiviste et consumériste dominant (Victor Papanek). De même, un design que nous qualifions aujourd’hui d’inclusif, propose une autre facette du progrès social en design. Son objectif est de repenser nos environnements en fonction des personnes en situation d’exclusion, grâce à l’aménagement des espaces et l’adaptation des objets.

 

 

II. Le design démocratique

 

Bien qu’il ait contribué au développement de la société industrielle, le design s’efforce d’en limiter les effets pervers. Parmi eux figure l’approche élitiste du progrès social, en vertu de laquelle la structure sociale est conçue pour le peuple et non par lui, par des « hommes d’exception » et non à travers la collaboration de divers acteurs. C’est pourquoi nous allons nous intéresser maintenant à ce que nous appelons le « design démocratique ».

Un premier exemple de design démocratique nous est donné par le cas norvégien d’Utopia, dans le contexte du développement d’outils informatiques pour l’imprimerie, l’hôpital et le bureau dans les années quatre-vingt, en vue d’adapter la conception aux utilisateurs (Kristen Nygaard). Il fallut pour cela des méthodes et des outils interactifs afin de favoriser l’apprentissage mutuel. Ainsi, les utilisateurs pouvaient énoncer leurs besoins et expliquer leurs difficultés ; tandis que les concepteurs pouvaient exposer le fonctionnement et les possibilités de leurs dispositifs, chacun étant à la fois novice et expert par rapport à l’autre.

On trouve une ressemblance de principes entre le design participatif scandinave et le design thinking (Rolf Faste), bien que les contextes soient différents. Nous retrouvons l’idée d’une démarche itérative, avec des corrections et des améliorations, la combinaison de diverses compétences dans un réseau interdisciplinaire, l’expérimentation sur le terrain, un positionnement pragmatique dépassant les anticipations théoriques et le développement de méthodes et outils facilitant la réflexion collective.

Il est couramment reproché aux démarches participatives de réclamer du temps du fait de leur nature itérative, exploratoire et délibérative. Mais parfois des initiatives collectives locales sont plus rapides que le cheminement d’une décision le long d’une chaîne hiérarchique. Il faut également tenir compte des pertes de temps à venir liées au rattrapage de mauvaises décisions éloignées du terrain. Enfin, une façon de compenser l’étalement dans le temps de la concertation est de favoriser le rapprochement dans l’espace. Ce peut être des espaces partagés concrets, comme les jardins collectifs ou les fablabs qui permettent l’échange des connaissances, la mutualisation des outils et des dépenses, et de raccourcir les circulations à des échelles soutenables.

L’utilisation du cyberespace permet également un gain de temps et le partage de ressources informationnelles et techniques (peer to peer, open source). Il s’y développe une économie contributive fondée sur l’entraide, le don et le contre-don. Ces îlots d’économie informelle s’intègrent au modèle marchand dominant tout en espérant étendre leur influence. Ils fonctionnent selon le principe de gestion collective des biens communs (Elinor Ostrom).

La production et le partage des informations et des analyses permet à l’intelligence collective de développer la connaissance en ligne (encyclopédies, tutoriels, cours, etc.). La manière dont les interactions produisent des croyances et des connaissances intéresse l’épistémologie sociale (Alvin Goldman, Philip Kitcher, Helen Longino). Plus généralement, la façon dont se forment les groupes à travers les représentations et les actions peut être analysée par l’ontologie sociale (John Searle, Margaret Gilbert, Ruth Millikan). Il est possible d’étudier les structures communicationnelles plus ou moins centralisées qui servent de forces de liaison aux collectifs humains. Nous avons montré ce que nous entendons par design démocratique à travers les exemples du design participatif scandinave, du design thinking et des espaces communs. Nous allons à présent explorer la question de la place de la démocratie dans le progrès technique et social d’un point de vue plus philosophique.

 

 

III. Démocratie et progrès

 

On distingue la démocratie participative de la démocratie représentative en ce qu’elle permet d’en approfondir la dimension démocratique (Jean Jacques Rousseau, Pierre Rosanvallon, Bernard Manin). La démocratie représentative est souvent considérée comme superficiellement démocratique et requalifiée comme aristocratie élective, puisque les prises de décision sont déléguées à des élus parmi l’élite au lieu que les citoyens participent directement aux décisions. Parmi les différentes théories de la démocratie participative, nous nous concentrerons sur la version pragmatiste de Dewey. Une objection courante qui est opposée à ce type de démocratie consiste à dénoncer l’incompétence et les préjugés des citoyens ordinaires et leur incapacité à prendre des décisions éclairées (Gabriel Almond, Walter Lippmann). La réponse de Dewey consiste à renverser l’argument. La compétence suppose l’accès à la délibération. Autrement dit, il faut créer un environnement favorable à la démocratie en organisant un meilleur accès à l’information, la formation des citoyens en encourageant l’implication de chacun. Par ailleurs, la démocratie participative n’exclut pas les différences de niveaux de qualification et défend la complémentarité des expertises. Par exemple, l’Empowered Participatory Governance permet de confronter les savoirs professionnels et profanes locaux dans les prises de décisions à l’aide d’experts facilitateurs (Archon Fung, Erik Wright).

Précisons les caractéristiques d’une ontologie sociale démocratique et pragmatique. Nous trouvons chez Herbert Mead et John Dewey l’idée d’une « individuation psychique et collective » (pour reprendre l’expression de Gilbert Simondon), selon laquelle l’individu ne peut se réaliser qu’en tant que membre de la société, en s’engageant dans un processus coopératif. Il ne s’agit pas simplement ici de s’intégrer et de s’ajuster à la société mais de se réaliser soi-même en participant au développement social. Cela comprend la socialisation de l’intelligence à travers la confrontation des expériences et la recherche d’une entente intersubjective. La résolution des problèmes doit avoir lieu en intégrant la multiplicité des points de vue des différents acteurs.

C’est également le principe défendu par la théorie de l’acteur-réseau (Madeleine Akrich, Michel Callon, Bruno Latour). Celle-ci est née de l’étude de la science en action, et non déjà faite, à travers les controverses entre différents acteurs sociaux. L’objectivité selon les auteurs dépend non plus d’un point de vue dominant unique mais du jeu complémentaire des différents cadres de références. Elle est kaléidoscopique plutôt que télescopique. Un aspect intéressant de la théorie de l’acteur-réseau pour le design est sa compréhension des êtres naturels et techniques comme des acteurs de la vie sociale. Ils s’expriment à travers les porte-paroles des différents groupes sociaux engagés dans des relations particulières avec des instruments ou des êtres naturels (ouvriers, agriculteurs, pêcheurs, éleveurs, scientifiques, écologistes, etc.). Les actants humains et non humains, généralement invisibles lorsqu’ils fonctionnent comme intermédiaires dans un réseau, deviennent des médiateurs visibles dans les controverses qui surgissent dans les situations exceptionnelles (recherche, crises, pannes, conflits, etc.).

La théorie de la rationalisation démocratique d’Andrew Feenberg appartient à la même famille constructiviste et pragmatique que la théorie de l’acteur-réseau. Selon elle, c’est moins l’efficacité technique intrinsèque qui détermine les choix d’innovation que les intérêts des divers groupes sociaux. Le choix entre des tailles de roues de vélo différentes ou identiques (John Starley, 1884) ou la hauteur des passerelles sur les autoroutes de New York (Robert Moses, 1922) est lié aux types d’acteurs et d’activités que l’on souhaite privilégier. Ce constat souligne l’importance des controverses autour des évolutions techniques : revendication des femmes concernant les méthodes d’accouchement, des malades du VIH concernant les traitements expérimentaux, des ouvriers pour les conditions de travail ou des écologistes concernant l’aménagement du territoire, etc. On peut également citer les cas d’appropriation techniques par les utilisateurs, lorsqu’ils adaptent eux-mêmes à leurs besoins les dispositifs prévus par les concepteurs (Michel de Certeau, Roger Silverstone, Eric Von Hippel, Pierre Rabardel). Andrew Feenberg défend donc un mode de développement technique inclusif encourageant les alliances entre les acteurs des différents réseaux de conception, de production et d’utilisation.

C’est également le modèle développé par les théoriciens de la planification démocratique. A ceux qui leur opposent que l’économie est trop complexe pour être démocratiquement planifiée, Pat Devine et Fikret Adaman estiment que c’est justement l’accès aux connaissances des producteurs et des consommateurs qui favorise les processus de décision complexes. Avec la « démocratie des personnes concernées », on peut donner plus de poids aux décisions des personnes directement affectées par certaines situations. La redistribution du pouvoir social permettrait à chacun d’accomplir des tâches d’exécution et de décision, mais aussi de répartir plus équitablement les tâches indésirables, afin de mieux distribuer en contrepartie celles qui favorisent le développement de l’individu. Michael Albert et Robin Hahnel proposent de reconvertir la publicité et le marketing dans la transmission d’informations claires, exactes et utiles, pour que des comités puissent s’en servir pour corriger les défauts de l’organisation sociale. Paul Cockshot et Allin Cottrell imaginent des modèles de planification démocratiques basés sur l’informatique. Ces propositions spéculatives de coordination négociée, d’économie participaliste, de planification ascendante, d’économie de communauté etc. sont imaginées à partir de l’analyse des problèmes de la société existante (Audrey-Laurin Lamothe, Frederic Legault, Simon Tremblay Pépin).

On trouvera cependant des précédents historiques correspondant à l’esprit de ces projets dans le mouvement coopératif qui fournit de nombreux exemples de partages des décisions, des données et des équipements (Anne Catherine Wagner). Son histoire remonte au dix-neuvième siècle : magasin coopératif New Lanark de Robert Owen en Ecosse, épicerie sociale de Michel-Marie Derrion à Lyon, société de tisserands Equitables Pionners en Angleterre, boulangerie coopérative Raiffeissen en Allemagne, etc. On comptait 4140 coopératives en France en 2024 selon la Confédération générale de SCOP. Les principes coopératifs déclarés par l’Alliance coopérative internationale en 1885 et revisités en 1995 sont : l’adhésion volontaire et sans discrimination ; le pouvoir démocratique exercé par les membres qui participent aux décisions à travers des représentants élus ; la participation économique avec la contribution équitable au capital et son contrôle ; l’indépendance de la coopérative par rapport aux accords avec d’autres organisations ou le gouvernement ; le développement de l’éducation, de la formation et de l’information, y compris auprès du grand public ; la coopération des coopératives entre elles ; et la contribution au développement durable.

Axel Honneth insiste sur l’importance du développement des pratiques démocratiques dans le cadre du travail. D’abord, elles permettent de résoudre les problèmes inhérents au travail lui-même : épuisement, chômage, sentiment d’impuissance, manque de reconnaissance, etc. Ensuite, au-delà de la transformation des conditions de travail, l’engagement dans la coopération sociale renforce les dispositions des citoyens à l’action démocratique. Il s’agit alors de réduire l’écart existant entre la sphère du travail et celle de la pratique démocratique. Pour cette raison d’ailleurs, Axel Honneth se montre critique à l’égard du revenu de base garanti. Il estime que l’engagement citoyen dépend de l’intégration dans la division du travail social auquel nous devons la garantie de notre existence.

Il faut se garder toutefois de toute idéalisation. Il reconnaît que dans les conditions actuelles de l’économie globale, les coopératives risquent la faillite ou l’édulcoration par rapport aux principes de base si elles ne bénéficient pas d’un soutien étatique. De plus, la réalité empirique des coopératives est loin d’être parfaite et les cas de frustration, de surtravail ou de reproduction de la domination existent comme partout ailleurs dans le monde du travail. Enfin, la définition claire du niveau de participation doit faire l’objet d’une vigilance particulière (Sherry Arnstein). Trois écueils souvent conjoints sont à éviter : la simulation de participation, lorsqu’elle se limite à des consultations sans réponses ; la diversion, qui détourne l’attention des participants des enjeux les plus importants pour faire porter la décision sur des points secondaires ; la récupération, dont Luc Boltanski et Eve Chiapello ont fourni une analyse avec l’exemple du détournement de la critique artiste de mai soixante-huit par le nouvel esprit du capitalisme. Ils décrivent la mutation post-fordiste des années soixante-dix, passant d’une structure hiérarchique à un modèle réticulaire favorisant l’initiative et l’autonomie relative des salariés mais sacrifiant leur sécurité matérielle et psychologique.

Johann Chapoutot fournit lui aussi un exemple de participation tronquée et dévoyée dans son analyse du management sous le troisième Reich. Dans l’armée, la tactique par la mission consistait à confier un objectif au soldat en le laissant libre des moyens d’y parvenir. Ce transfert de compétence délègue à l’exécutant la responsabilité d’un éventuel échec, sans nécessairement lui donner les moyens d’accomplir sa tâche correctement. Cette méthode de management par objectif augmente l’élasticité et la rapidité du travail en évitant toute inhibition bureaucratique. Mais si cette liberté aménagée permet à l’exécutant de goûter momentanément à l’enivrement du sentiment d’autonomie, il finit par laisser place à des symptômes d’anxiété, d’épuisement, d’ennui ou de culpabilité. Convaincu de participer à la cogestion de l’entreprise, le collaborateur n’a plus à contester sa hiérarchie.

 

 

Conclusion

 

Rappelons, avant de conclure, le chemin parcouru dans ce texte. Nous avons rappelé le rôle important joué par le design dans l’amélioration technique et sociale de notre environnement à l’ère industrielle, en évoquant l’Art and Craft, le fonctionnalisme, le Bauhaus, les designs radical, critique, durable et inclusif. Puis nous avons défini un design démocratique, contre une approche élitiste et paternaliste du progrès, en partant du design participatif scandinave, du design thinking, des jardins partagés, des fablabs de l’open source et du peer to peer. Ensuite, nous avons exploré plus en détail les interactions sociales démocratiques et leurs effets sur la connaissance et l’action, en partant de la conception pragmatiste de la participation et en la précisant relativement à la question de la technique et du design avec les théories de l’acteur-réseau et de la rationalisation démocratique. Nous avons également indiqué l’existence d’un courant prospectif de planification démocratique qui va dans la même direction. Enfin, nous avons trouvé dans le mouvement coopératif un ancrage concret correspondant à ces théories, ce qui a permis de mieux cerner l’articulation entre démocratie économique dans le travail et démocratie politique dans la sphère publique. Nous avons aussi relevé un ensemble d’écueils qui menacent les pratiques démocratiques.

Pour conclure, nous allons préciser le rapport que nous établissons entre design démocratique et démocratie économique. Le principe consiste à nourrir la démarche et le résultat de la conception de motifs démocratiques. La démarche doit intégrer les outils d’enquête, d’observation et de participation des utilisateurs. Le résultat doit fournir les conditions requises pour l’échange d’informations, l’accessibilité, l’adaptabilité constante aux besoins et l’interactions entre les utilisateurs. Cette orientation concerne aussi bien l’urbanisme et l’architecture que toutes les branches du design. Si nous appliquons par exemple cette logique démocratique à l’intelligence artificielle dans le cadre du design numérique, celle-ci doit être conçue pour faciliter l’accès à l’information et bien adaptée à chaque utilisateur. Elle doit permettre les interactions, l’analyse, la clarification, la hiérarchisation, la vérification des données et faciliter la codécision. Elle doit également être constamment corrigée pour protéger l’utilisateur contre la désinformation, la manipulation, la polarisation simplificatrice des idées, le harcèlement, la malveillance et les intrusions dans la vie privée. Enfin, l’intelligence artificielle ne doit pas simplement assister ou remplacer l’humain mais aussi le former et l’entraîner pour qu’il développe son propre esprit critique et les compétences qui lui permettront d’ouvrir les boites noires des technologies qui l’entourent pour en assurer le contrôle démocratique.

 

Je remercie Laurent Neyssensas, Responsable de la Cellule Innovation de l’Ecole de Design Nantes Atlantique, pour son expertise et ses suggestions pertinentes (Raphaël Edelman, Nantes le 02/02/2025).

 

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